Utente:Cristiano64/Esercito romano

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Eserciti dell'Antichità

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Legionary infantry

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Alae infantry

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The socii were summoned to arms by a message from the Consuls, ordering each ally to deliver a specified number of troops to a specified assembly-place (one location for each consular army) by a set deadline.[1] At the assembly-point, where the legions would also muster, the allied troops would be allocated to an ala and placed under the command of Roman officers.[2] Each Consul would then arrive from Rome to assume command of their army.[2]

Compared to the manipular legion, Polybius gives little detail about the structure of an allied ala. An ala contained the same number of infantry as a legion (i.e. 4,200 or 5,000).[3] It was commanded by 3 Roman praefecti sociorum, appointed by the Consuls, presumably with one acting as commander and the other two as deputies, as in the cavalry turmae.[2] Reporting to the praefecti were the native commanders of each allied contingent, who were appointed by their own government.[1] The allied infantry appears to have been divided into cohortes. The first mention of such units, which were eventually adopted by the legions (after the Social War), is in Livy's account of the Second Punic War. The size of the allied cohorts is uncertain, and may not originally have been standard units at all, but simply a generic term denoting the contingent from each socius. However, Livy's account of Scipio Africanus' operations in Spain during the Second Punic War mentions Italian allied units of 460, 500 and 600 men which he terms cohortes.[4]

A select group of the best Italian allied troops, denoted milites extraordinarii ("special troops"), would be detailed to act as an escort brigade for the Consul. They would normally number one-third of the alae cavalry and one-fifth of the infantry (i.e. in a normal consular army, 600 horse and about 1,800 foot).[2] The extraordinarii were at the immediate disposal of the Consul, and were allocated their own distinct position both in the line-of-march and in the marching-camp (next to the praetorium).[5] However, in battle, there is no evidence that the extraordinarii occupied a special position. Presumably, they fought in their alae, alongside the rest of the socii troops.[6]

There is no reason to believe that heavy infantry in the alae was equipped any differently from the legions, nor that they fought in a significantly different way.

Native allied cavalry

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The cavalry of Roman armies before the 2nd Punic War had been exclusively Roman and confederate Italian, with each holding one wing of the battleline (the Romans usually holding the right wing). After that war, Roman/Italian cavalry was always complemented by allied native cavalry (especially Numidian), and was usually combined on just one wing. Indeed, the allied cavalry often outnumbered the combined Roman/Italian force e.g. at Zama, where the 4,000 Numidians held the right, with just 1,500 Romans/Italians on the left.[7] One reason was the lessons learnt in the war, namely the need to complement heavy cavalry with plenty of light, faster horse, as well as increasing the cavalry share when engaging with enemies with more powerful mounted forces. It was also inevitable that, as the Roman Republic acquired an overseas empire and the Roman army now campaigned entirely outside Italy, the best of non-Italian cavalry would be enlisted in increasing numbers, including (in addition to Numidians) Gallic, Spanish and Thracian heavy cavalry.[8]

Nevertheless, Roman and Italian confederate cavalry continued to form an essential part of a Roman army's line-up for over a century. They were especially effective in wars in the East, where they encountered Hellenistic Macedonian and Seleucid cavalry which fought in set-piece battles using equipment and tactics similar to the Romans' own. For example, at Magnesia (190 BC), 3,000 Roman cavalry on the right wing routed 7,000 facing Syrian and Greek cavalry (including 3,000 cataphracts - Parthian-style heavily armoured cavalry) then wheeled and assisted the legions in breaking the Seleucid phalanx by attacking it in the flank and rear.[9] As earlier in the war against Hannibal, Roman cavalry was far less effective against elusive tribal light cavalry such as the Lusitanians under Viriathus in their bitter resistance to Roman rule (151-140 BC) and the Numidians themselves under king Jugurtha during the latter's rebellion (112-105 BC) During these conflicts, the Romans were obliged to rely heavily on their own Numidian allied horse.[10]

  1. ^ a b Errore nelle note: Errore nell'uso del marcatore <ref>: non è stato indicato alcun testo per il marcatore Polybius VI.21
  2. ^ a b c d Polybius VI.26
  3. ^ Polybius VI.30
  4. ^ Livy XXIII.17.8 and 11; XXVIII.45.20
  5. ^ Polybius VI.31, 40
  6. ^ Fields (2007) 49
  7. ^ Livy XXX.29
  8. ^ Sidnell (2006) 208
  9. ^ Livy XXXVII.40-2
  10. ^ Sidnell (2006) 197-205

L'apparition de la légion manipulaire (IV — III siècles av JC)

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Carte du Latium. Étrusques au nord, Sabins au nord-est, Èques, Marses et Herniques à l'est, Latins, Volsques et Aurunces au sud-est.
Les différents peuples dans le Latium au Ve siècle av JC

De nouvelles classes censitaires

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L'augmentation de la population mobilisable

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L'apparition de nouvelles classes censitaires, au-delà de la ‘‘classis’‘ et de l’‘'infra classem’‘, date des débuts de la République romaine. Au Ve siècle av JC, Rome est confrontée à de nombreux ennemis : les peuples sabelliens, c'est-à-dire les Èques, les Herniques, les Marses, les Sabins et les Samnites, ainsi que les Étrusques avec principalement la ville de Véies jusqu'au début du IVe siècle av JC Ces très nombreuses guerres ne laissent que peu de répits aux Romains, parfois confrontés à plusieurs adversaires en même temps[c 1].

Ainsi, la nécessité d'augmenter la population mobilisable devient primordiale au cours du Ve siècle av JC et provoque ainsi la création de nouvelles classes censitaires dont les membres n'ont pas la richesse nécessaire pour acquérir l'équipement complet de l'hoplite traditionnel : les deuxième et troisième classes[c 1]. Les quatrième et cinquième classes censitaires auraient été créés ultérieurement, pendant les premières guerres samnites de la fin du IVe siècle av JC, alors que Rome subit quelques défaites et remet en cause son organisation[c 1]. Le nombre de citoyens mobilisables est alors augmenté, bien que ces derniers soient équipés beaucoup plus légèrement que les premières classes[c 2].

Certains auteurs modernes attribuent à la création du tribunat militaire à pouvoir consulaire en 444 ou 438 av JC à des causes militaires plutôt que politiques. Trois tribuns militaires, revêtus des pouvoirs et insignes consulaires, remplacent alors ponctuellement les consuls pour mener la guerre sur plusieurs fronts[h 1]. De trois au départ, ils sont jusqu'à six, voire huit selon certains auteurs antiques, pour une année[h 2]. L'augmentation du nombre de commandants militaires à pouvoir consulaire semble correspondre au besoin de l'armée plus qu'aux luttes politiques, et le nombre de tribuns culmine pour la guerre contre Véies[h 3].

Dessin en noir et blanc. Un romain en toge.
La toge est l'apanage de la citoyenneté romaine.

En 443 av JC, le recensement est confié à deux magistrats spécifiques, les censeurs et tous les cinq ans, c'est-à-dire tous les lustres, un recensement est effectué lors de l'élection des censeurs. Les citoyens déclarent leurs biens, l'état de leur armement est contrôlé, et ils sont répartis en classes censitaires[c 3]. L’institution de cette nouvelle magistrature marque peut-être la complexification du système centuriate avec la subdivision de la ‘‘classis’‘ unique en plusieurs classes, ou l'ajout de nouvelles classes[h 4].

Le système des 193 centuries

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À terme, en pleine époque républicaine, au IVe ou IIIe siècle av JC, dans le système que la tradition[a 1][a 2] attribue à Servius Tullius par anachronisme, chaque citoyen romain trouve sa place dans un système à cinq classes et à cent quatre-vingt-treize centuries[N 1][m 1][c 4][h 5] :

  • la première classe réunit tous ceux qui ont plus de 100000 as, qui sont répartis en 98 centuries dont 18 de chevaliers (‘‘equites’‘) et 80 de fantassins (‘‘pedites’‘) ;
  • la deuxième ceux ayant plus de 75000 as en 20 centuries ;
  • la troisième ceux ayant plus de 50000 as en 20 centuries ;
  • la quatrième ceux ayant plus de 25000 as en 20 centuries ;
  • la cinquième ceux ayant plus de 11000 as en 30 centuries.

À ces cinq classes d’‘'adsidui’‘[v 1], s'ajoutent cinq centuries hors classe, deux de musiciens et deux d'ouvriers du génie, et en dernier, une classe unique regroupant tous les prolétaire ou ‘‘capite censi’‘ (« ceux qui n'ont rien d'autre à déclarer que leur propre tête[m 2] »), qui ne sont pas mobilisables et appartiennent à l'ultime centurie : la Template:Ordinal[m 2][n 1][h 6].

La moitié des centuries se compose de ‘‘iuniores’‘ (17 à 45 ans), l'autre moitié de ‘‘seniores’‘ (46 à 60 ans). Chaque centurie fournit autant d'hommes lors de la levée[a 3], vraisemblablement 100 hommes[v 2], or les centuries les plus riches sont aussi bien moins peuplées que les plus pauvres, et ainsi les plus riches combattent plus souvent[v 3], mais ont aussi, bien entendu, un pouvoir politique bien plus important[c 5][n 2][h 6].

Les chevaliers, appartenant à la première classe, forment un corps de cavalerie mais c'est surtout parmi eux que sont recrutés les officiers supérieurs, que ce soient les tribuns ou les préfets, puis les magistrats[v 4].

Parmi les citoyens de 17 à 60 ans, certains sont exemptés pour incapacité physique[v 1]. Au-delà de 60 ans, le citoyen est libéré de toute obligation civique et donc militaire[n 2].

Ce système repose sur la conviction que seuls les riches, dont le rôle est le plus grand dans la société, sont les plus aptes à défendre la cité et faire de bons soldats[n 3][a 3]. L'éducation traditionnelle des futurs citoyens romains des premières classes comporte une part très importante d'exercices physiques en vue de la mobilisation en tant que ‘‘iuniores’‘, le service militaire faisant partie intégrante de la vie d'un citoyen[n 4][1]

Carte de l'Italie avec les Romains dans le Latium et la Campanie. Étrusques au nord, Ombriens au nord-est et Samnites au sud-est.
L'Italie au IVe siècle av JC

L'organisation manipulaire

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Les trois lignes de combats

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L'armée est alors organisée en trois lignes de combats, décrites précisément par Tite-Live[a 4] et Polybe[a 5], issus des trois premières classes selon leur âge et non leur cens[c 6][v 5] :

  • en premier, les ‘‘hastati’‘ (combattant avec une lance nommée ‘‘hasta’‘), qui sont des ‘‘iuniores’‘, jeunes citoyens bien entraînés ;
  • en deuxième, les ‘‘principes’‘ (dont le nom provient de leur positionnement en première ligne dans l'ancienne armée hoplitique), eux aussi ‘‘iuniores’‘, mais plus expérimentés ;
  • et en troisième ligne, les ‘‘triarii’‘, les ‘‘seniores’‘, qui forment la dernière ligne et la réserve (parfois aussi appelés ‘‘pilani’‘[v 5][a 6]).

Les trois lignes se relaient au combat, et la division de la phalange en 30 manipules permet une grande mobilité et une meilleure adaptation au terrain[c 2].

Deux autres lignes de combat auraient alors existé, avec les ‘‘rorarii’‘, armés légèrement, et les ‘‘accensi’‘, appelés seulement dans les cas extrêmes ; mais des doutes existent sur ces deux autres types de combattants[c 2]. Selon Theodor Mommsen, les nouvelles recrues rejoignent d’abord des milices hors rang que seraient les ‘‘rorarii’‘, combattant à la fronde, avant de rejoindre les rangs des ‘‘hastati’‘[b 1].

Des réformes dites « de Camille » d'origine samnite ?

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Fresque murale colorée. Deux guerriers à pieds et un cavalier.
Soldats samnites, d'après une frise décorant un tombeau, fresque murale du IVe siècle av JC

Cette réforme est parfois appelée du nom du quintuple dictateur Furius Camillus, notamment par les auteurs antiques[a 7], et porte parfois le nom de « réformes de Camille ». Lui sont attribuées par la tradition, en plus de la légion de 4500|hommes}}, la construction du camp chaque soir et l'amélioration de l’armement du soldat romain avec le casque en métal, le bouclier renforcé de métal, et l'usage des javelots même dans les combats au corps à corps, pour parer les coups d'épée[a 7].

Cette réorganisation tactique et l'emploi de nouvelles armes sont peut-être copiés sur les Samnites[b 2][h 7], qui combattent par petites unités mobiles bien adaptées au relief tourmenté, contrairement à la phalange hoplitique[m 3][2]. Salluste les donne comme inspirateur du ‘‘pilum’‘[3], arme typique du légionnaire, mais l'origine samnite a été rejetée par certains historiens modernes[4][5] mais acceptée par d'autres[h 7], tandis qu'Athénée[a 8] penche pour une origine ibérique[3]. Les Romains auraient peut-être empruntés aux Samnites le ‘‘scutum’‘[h 7], et c'est probablement sous l'influence des Samnites que les Romains adoptent la formation manipulaire[h 7] et même des innovations de la cavalerie, mais cela reste une hypothèse[3][b 2][h 7].

L'équipement des soldats

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Reconstitution moderne d'un pilum, debout.
’‘Pilum’‘ lourd.

Les membres de la deuxième classe censitaire possèdent l'équipement entier de l'hoplite excepté la cuirasse, et ceux de la troisième classe n'ont pas en plus les jambières, ne leur laissant que le casque pour protection[c 7][h 6]. Ainsi le bouclier rond traditionnel est remplacé par un bouclier ovale, le ‘‘scutum’‘[h 6], ovale et plus large, d'origine gauloise[c 8] ou samnite[b 2], de façon à protéger l'ensemble du corps en l'absence de la cuirasse et des jambières. En lieu et place d'une cuirasse, ces soldats sont protégés par un pectoral carré d'une vingtaine de centimètres de côté, un protège-cœur en métal[c 9][v 6][h 6].

Reconstitution moderne de trois boucliers, des scuta.
Reconstitution de trois ‘‘scuta’‘.

Le ‘‘clipeus’‘ est finalement abandonné pour tous les soldats, même ceux de la première classe. En effet, l'armée ne combattant plus en rang serré mais de manière plus individuel, la protection apportée par ce bouclier est obsolète, ne pouvant protéger que le côté gauche, par rapport au ‘‘scutum’‘, plus grand et plus protecteur[c 2].

Le casque de type « Montefortino », c'est-à-dire un casque conique avec un bouton sommital où l'on pouvait fixer une plume[c 10], d'origine celte, se développe au fur et à mesure aux IVe et IIIe siècles av JC et supplante les modèles attiques. Il sera utilisé, sous diverses formes de plus en plus simples, dans l’armée romaine jusqu'au milieu du Template:Ier siècle av JC

Les ‘‘hastati’‘ combattent avec le ‘‘pilum’‘, un javelot de plus de deux mètres, et les ‘‘triarii’‘ ont conservé la longue lance d'arrêt héritée du combat hoplitique. Au plus tard au IIIe siècle av JC, les soldats des trois premières lignes sont tous équipés d'une épée courte d'origine ibérique : le glaive[c 11][v 7].

Les jeunes soldats issus des centuries plus pauvres, les quatrième et cinquième centuries (et non pas les ‘‘capite censi’‘ non mobilisables) combattent en vélites[c 11][a 9][h 8] : avec une lance et quelques javelots, les ‘‘pila’‘ (quatrième classe) ou une fronde (cinquième classe), sans armure, possédant tout au plus un bouclier léger[c 12][a 9][h 6].

Selon Polybe, la pointe du ‘‘pila’‘ est conçue pour se briser et ne pas être réutilisé par l'ennemi en retour[a 9], mais cette innovation est attribuée par Plutarque à Caius Marius durant la guerre des Cimbres (104 à 101 av JC)[a 10] et attestée pendant la guerre des Gaules (58 à 50 av JC) par l'archéologie[6]. En tout cas, dès l'origine, la pointe du ‘‘pilum’‘ est conçue de manière à rester accrocher au bouclier de son adversaire qui est obligé de s'en débarrasser pour continuer le combat[c 13].

La cavalerie est armée d'un bouclier rond léger et d'une lance résistante, à la grecque[v 4].

Rome et la confédération italienne

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La conquête romaine de l’Italie

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Carte de l'Italie. Rome s'étend d'abord sur le Latium, puis sur les Appenins, l'Italie du Sud et enfin l'Étrurie.
Conquête romaine de l’Italie au IVe et début du IIIe siècle av JC, avant les guerres puniques.
Lo stesso argomento in dettaglio: Conquête romaine de l'Italie.

Durant le IVe et le début du IIIe siècle av JC, Rome se lance dans la conquête de l'Italie. Les Romains combattent parfois dans plusieurs guerres et doivent maintenir des armées mobilisées sur plusieurs fronts[m 4].

Rome signe de nombreux traités avec les vaincus, qui doivent alors mobiliser en tant qu'alliés des soldats sur demande des magistrats romains[c 14][m 5], et fonde aussi un grand nombre de colonies romaines et latines[N 2], dont la plupart sont des garnisons militaires devant envoyé un contingent fixe de soldats pour l'armée romaine[n 5].

Après les guerres latines entre 340 et 338 av JC, les peuples latins sont vaincus et doivent reconnaître la primauté de Rome. Certaines villes latines sont romanisées, d'autres deviennent partiellement romaines, alors que d'autres encore deviennent des colonies romaines[m 6], comme Antium[m 7][h 9]. Mais les Latins sont dorénavant obligés de s'inscrire au cens et surtout de servir dans les légions romaines, Rome gagnant là énormément d'effectifs alliés supplémentaires[h 10].

Cette domination sur les Latins fait perdre à Rome les états-tampons qui la protégeaient des Samnites, et se lancent alors dans une opération de création de colonies militaires pour compléter son dispositif défensif[m 8]. En 334 av JC, Calès reçoit une colonie latine de 2500|colons}}, tout comme Frégelles en 328 av JC, alors que Terracine devient une colonie romaine[m 9][h 11].

Peu après, la Campanie devient à son tour sous domination romaine et les Campaniens fournissent des troupes alliées. De temps en temps, Rome utilise par ailleurs un corps irrégulier de mercenaires, sous le nom de ‘‘legio Campanorum’‘, et emploie des unités spéciales de cavalerie, les ‘‘alae equitum Campanorum’‘[h 12].


Suite aux guerres samnites, Rome fonde une colonie latine à Venusia, cité contrôlant le passage entre la Campanie et l’Apulie, et les Samnites sont contraints de signer un traité les obligeant à fournir des troupes à l’armée romaine en tant qu'alliés[m 10]. Les territoires sabins et de la côte adriatique reçoivent le même sort dans les années qui suivent, et des colonies sont fondées, latine à Hadria et romaine à Castrum Novum[m 10][7][h 13].

Après la guerre de Pyrrhus en Italie, certaines cités grecques du Sud de l'Italie signent des traités d'alliance avec Rome, d'autres reçoivent des colonies latines, et une légion romaine est basée à Tarente[m 11][h 14]. À l'instar de Naples, qui par contre s'est volontairement alliée à Rome quelques décennies plus tôt[h 15], Tarente doit mettre à disposition sa flotte lorsque Rome est en guerre[h 16].

Ce sont ensuite les Étrusques qui subissent la loi romaine, et la plupart des cités étrusques reçoivent le statut de cité alliée à Rome, avec les obligations de mobilisation liées, et Rome fonde une série de colonies, notamment à Cosa en 273 av JC, ainsi que des colonies maritimes, entre autres à Pyrgi[m 12][h 17].

En 268 av JC, après les guerres contre les Gaulois, une première colonie latine est fondée, Ariminum, puis douze autres peu de temps après[a 11][8][9], permettant ainsi à Rome de compléter son dispositif de colonies près de l’Adriatique[m 13].

Carte de l'Italie, les territoires romains sont entremêlés de territoires alliés concentrés notamment dans les montagnes.
L'Italie au IIe siècle av JC, une mosaïque de statuts :

     Territoire et colonies romaines

     Colonies latines

     Territoires alliés

W. R. Shepherd, ‘‘Historical Atlas’‘, ‘‘The Growth of Roman Power in Italy’‘, Université du Texas, Austin, 1911, p.29.

Ainsi, la conquête de l’Italie est parachevée, les peuples vaincus ont vu une partie de leurs territoires intégrés à celui de Rome, et reçoivent le statut d'alliés (‘‘socii’‘), ayant obligation de fournir des soldats à l'armée romaine, et de nombreuses colonies sont fondées dans des endroits stratégiques avec des garnisons militaires[m 7][h 18].

Les alliés italiens et la ‘‘formula torgatorum’‘

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L'Italie se divise alors entre « les Romains, les Latins et les alliés italiens[v 8] ». La mainmise de Rome sur ses « alliés » latins et italiens a pour principal domaine leur contribution militaire en hommes et argent, les problèmes politiques et juridiques n'apparaissant qu’à la fin du IIe siècle av JC[v 9]

Des Italiens sont devenus des citoyens ‘‘sine suffragio’‘, qui n'ont pas le droit de vote, mais hormis le pouvoir politique en moins, ils possèdent tous les droits civils et les devoirs militaires et financiers. La zone des citoyens sans suffrage entoure le territoire citoyen de Rome, dans le Latium et notamment en Campanie[v 10].

Les colonies latines sont des « forteresses » occupées par des familles de colons qui surveillent en permanence des zones à risque et doivent fournir un contingent[v 11] et une contribution financière[v 12].

L'alliance avec les peuples Italiques, via la ‘‘formula torgatorum’‘, oblige les alliés à fournir autant d'hommes qu’en demande Rome, sans que des chiffres soient fixés dans les traites individuels[v 13]. À l’instar de Rome, les contingents alliés sont levés selon des principes censitaires[v 14], si l'on en croit Tite-Live[a 12].

La légion et les auxiliaires alliés

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Dessin en noir et blanc. Vélite portant un bouclier et s'apprêtant à lancer un javelot.
Un vélite romain du IIIe siècle av JC, dessiné par Theodore Ayrault Dodge, États-Unis, 1891.

La composition de l'armée consulaire

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Suite à cette réforme de l'organisation en manipule, la légion qui, jusque là, représente tout l'armée unie (l'ensemble des soldats mobilisés, la « levée »), devient une subdivision[c 2]. En 362 av JC, l'armée se compose de deux légions, puis le double en 311 av JC, le commandement étant assuré par les deux consuls, chacun ayant une puis deux légions sous ses ordres[c 2][a 13][v 15]. Cette armée de deux légions par consul est parfois appelée « armée consulaire polybienne » : elle est décrite en détail dans l’‘'Histoire générale’‘ de l'historien grec Polybe, au milieu du IIe siècle av JC, et sa description est avérée par les historiens modernes[c 15][v 16].

Une légion se compose alors de 3000|fantassins}} répartis en trois lignes : 1200 ’‘hastati’‘, 1200 ’‘principes ‘‘ (parfois en cas de besoin pressant, les deux premières lignes comportent 1600 hommes chacune) et 600 ‘‘triarii’‘, auxquels s'ajoutent un corps de 300 cavaliers et s'intercalent les 1200 vélites, soit un total de 4500 hommes[c 11][a 14][v 5].

Des contingents de soldats alliés complètent l'armée[c 2][a 15] : lorsque Rome s'étend sur le Latium puis sur la péninsule italienne, les villes et les peuples italiques signent des traités avec la République romaine qui leur impose de fournir des hommes au combat, et ceux-ci sont regroupés en ‘‘alae sociorum’‘, c'est-à-dire les « ailes des alliés[c 2] ». Elles sont organisées de la même façon que les légions mais avec 30 turmes de cavalerie au lieu de 10. En tout quatre « ailes » (deux par armée consulaire) auxquelles il faut ajouter un cinquième de l'infanterie et un tiers de la cavalerie des alliés qui forment les ‘‘extraordinarii’‘ sous autorités directe des consuls.

La légion comprend 36 joueurs de tuba ou trompette droite (‘‘tubicines’‘), pour donner le signal de départ de l'armée, et 36 joueurs de cors (‘‘cornicines’‘), pour donner les consignes du commandement aux porte-enseigne des manipules. Ces joueurs sont sélectionnés dans la cinquième classe[c 11][a 1].

hommes}}
Cavalerie alliée et romaine
‘‘Equites Sociorum et Legionis’‘
Aile I des alliés
‘‘Ala I Sociorum’‘
Légion I
‘‘Legio I’‘
Légion II
‘‘Legio I’‘
Aile II des alliés
‘‘Ala II Sociorum’‘
Cavalerie alliée et romaine
‘‘Equites Sociorum et Legionis’‘
900 cavaliers alliés
300 cavaliers romains
1200 vélites
1200 ’‘hastati’‘
1200 ’‘principes’‘
600 ‘‘triarii’‘
1200 vélites
1200 ’‘hastati’‘
1200 ’‘principes’‘
600 ‘‘triarii’‘
1200 vélites
1200 ’‘hastati’‘
1200 ’‘principes’‘
600 ‘‘triarii’‘
1200 vélites
1200 ’‘hastati’‘
1200 ’‘principes’‘
600 ‘‘triarii’‘
900 cavaliers alliés
300 cavaliers romains

L'organisation sur le champ de bataille

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Un pilum avec une pointe courbée.
Pointe de ‘‘pilum’‘ courbée.

Les vélites avancent en tirailleurs en avant des légions et ouvrent le combat avec leurs armes de jet, avant de se retirer derrière les fantassins mieux armés qu'eux pour le corps-à-corps[a 9].

Les ‘‘hastati’‘ engagent alors le combat en lançant leurs ‘‘pila’‘ dès qu'ils se trouvent à portée. S'ensuit une série de corps à corps individuel afin d'entamer la cohésion de l'adversaire, et les phases de combats alternent avec les phases de pause[c 13].

La stratégie du commandement durant la bataille consiste à décider du bon moment pour ordonner le repli des ‘‘hastati’‘ au sein des rangs des ‘‘principes’‘ qui prennent le relai, appuyé par les ‘‘hastati’‘ qui continuent à combattre en soutien[c 13][a 4].

Exceptionnellement ces deux lignes se fondent derrière les ‘‘triarii’‘ qui commencent le combat en dernier dans des cas désespérés[c 13][a 4].

La cavalerie a encore un rôle très limité sur le champ de bataille[c 16][a 17], n'ayant pas ou peu évolué, toujours placée sur les ailes et servant principalement de réserve[b 3].

Schéma avec deux légions romaines en trois lignes manipulaires entourés des ailes alliées et de la cavalerie.
Représentation schématique et détaillée d'une organisation de bataille d'une armée au IIIe siècle av JC
Deux légions romaines au centre et les alliées italiens sur leurs côtés (‘‘alae sociorum’‘) flanqués par la cavalerie légionnaire et celle des alliés.

Le service militaire des soldats

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Un groupe de légionnaires sculptés.
Stèle de légionnaires de Glanum, musée gallo-romain de Fourvière.

Les fantassins sont limités à seize années de campagne durant leurs années de possible mobilisation, vingt dans des cas exceptionnels, et les campagnes militaires sont généralement non continues et se déroulent entre mars et octobre[c 3][n 6][v 17], si l'on en croit Polybe[a 18]. Les citoyens ayant atteint le nombre de campagnes maximum sont appelés ‘‘emeriti’‘[c 17][n 6].

Les cavaliers, qui sont les citoyens les plus riches et ceux amenés ensuite à gouverner la cité, tant administrativement que militairement par le biais des magistratures, doivent accomplir, toujours selon Polybe[a 18], dix campagnes militaires, et donc savoir obéir aux ordres et combattre, avant de pouvoir briguer la questure et commencer une carrière politique[c 17][n 6][v 17]. Le service militaire est donc obligatoire pour commencer le ‘‘cursus honorum’‘[n 7][b 4][11].

Il n'y a pas de lois mais seulement des coutumes qui régissent le temps de service et la démobilisation. Les consuls peuvent ou non décider de démobiliser en partie ou la totalité d'une légion levée auparavant[v 17].

La mobilisation et la hiérarchie de commandement

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Peinture. Intérieur du Sénat, avec un orateur debout face à des sénateurs assis sur les bancs de la Curie.
Représentation d'une séance au Sénat[N 3].

Le ‘‘dilectus’‘ et le ‘‘tumultus’‘

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Chaque année, les consuls soumettent au Sénat les besoins de la cité en soldats et en argent. Une fois le décret voté par le Sénat, les procédures complexes, longues et lourdes de la mobilisation commencent : c'est le ‘‘dilectus’‘. Les consuls envoient ensuite leurs demandes en hommes aux cités alliées où le recrutement est similaire[c 18][n 8][a 19].

Deux types de levées existent alors, la régulière, dans des circonstances normales, et en cas d'urgence ou de situation critique, les consuls peuvent accélérer la mobilisation en décrétant le ‘‘tumultus’‘, c'est-à-dire l'enrôlement immédiat de tous les citoyens, le levée en masse même de ceux normalement exemptés[n 9][v 1], et même les affranchis, comme en 296 av JC, pendant la troisième guerre samnite[n 10][a 20].

Un citoyen qui se soustraie à la mobilisation alors qu'il est appelé est considéré comme un déserteur. Il perd son statut de citoyen et est vendu comme esclave[v 1][a 21][a 22].

Le commandement à tous les niveaux

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La légion est commandée par un détenteur de l’‘'imperium’‘, un consul ou un préteur, voire exceptionnellement un dictateur, et ce commandant désigne six tribuns militaires pour une légion[c 16][a 18].

La subdivision de la légion en de nombreux manipules nécessite des cadres assez nombreux pour assurer l'efficacité de la tactique à tous les niveaux[c 13]. Il y a 60 centurions par légion, un par centurie (donc deux par manipule), qui sont choisis par les tribuns militaires parmi les soldats les plus méritants. Chaque centurion choisit un second, l’‘'optio’‘, et désigne les deux porte-enseigne de chaque manipule[c 19][a 23].

La cavalerie est organisée de manière similaire : les 300 cavaliers d'une légion sont répartis en 10 turmes, ayant chacune trois décurions à leur tête, eux aussi secondés par un ‘‘optio’‘[c 20][a 24].

La solde et la discipline

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Pièce de bronze rectangulaire avec un bœuf dessiné.
’‘Aes signatum’‘, fin du IVe ou début du IIIe siècle av JC, longueur environ 15, environ, Cabinet des médailles, Paris.

L'instauration de la solde

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Selon Tite-Live[a 25], la solde est instaurée durant le siège de Véies entre 406 et 396 av JC, la première longue campagne qui dure plusieurs années, sans butin immédiat[c 4][n 11].

La solde date plus vraisemblablement des guerres samnites, lors de la deuxième moitié du IVe voire du début du IIIe siècle av JC[N 4], et est alors financée par une contribution fiscale, le ‘‘tributum’‘, de la part des citoyens mobilisables qui ne combattent pas[c 21][n 11], mais aussi par les vieillards et les inaptes[n 12].

Ainsi, tous les citoyens mobilisables participent dorénavant à toutes les campagnes militaires, soit en combattant, soit en contribuant financièrement, et un tel système s'appuie sur les centuries les plus riches et les moins peuplées, qui fournissent à la fois le plus régulièrement des soldats, et la part la plus importante de la solde[c 22][n 12].

Peinture en noir et blanc. Un licteur en toge portant les faisceaux.
Un licteur, par Cesare Vecellio, Template:XVIe siècle. Entre autres, les licteurs sont chargés d'exécuter les décisions coercitives du consul.

Une discipline sévère mais supportable

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La discipline romaine dans l'armée est réputée pour être sévère et certains châtiments connus sont terribles. Parmi les exemples les plus célèbres de la tradition romaine, celui de Manlius Torquatus, en 340 av JC, faisant mettre à mort son propre fils pour avoir combattu un ennemi en combat singulier contre ses ordres[a 26][n 13] ou encore en 471 av JC, lorsque Claudius Sabinus exerce les sanctions les plus sévères en faisant fouetter et décapiter tous les gradés qui ont quitté leurs rangs, et en faisant décimer le reste des soldats vaincus[a 27].

La ‘‘displina’‘ est une série d'usages, et non un code militaire, et n'a aucun lien avec le droit public ou privé. Certains de ces usages sont spécifiques à l'armée, et donc marqués d'une plus grand sévérité, comme les châtiments collectifs ou la peine de mort par tirage au sort : la décimation. Les tribuns militaires disposent d'une série de sanctions contre les délits et les crimes, allant de l'amende à la peine de mort[n 13].

Cependant, aussi terrible que soit la discipline romaine, comme le souligne Polybe[a 28], elle est aussi un gage d'efficacité, car mise en balance avec des récompenses tout aussi nombreuses, et vise à mener le soldat à se sentir responsable tout en l'encourageant à se montrer brave[n 14][12]. L'armée romaine est alors une armée civique, composée de citoyens, et non une armée de métier ou de mercenaires. Ainsi, les citoyens ont à Rome des droits politiques, notamment celui d'élire les tribuns militaires, mais aussi les généraux, qui sont des magistrats élus, et ainsi un magistrat ou un tribun doit faire un usage modéré de ses pouvoirs[n 15]. Enfin, il faut souligner que la discipline romaine n’est pas à sens unique : elle s'exerce autant sur les simples soldats que sur les cadres de l'armée et même les commandants[n 16].

Les étapes jusqu'à l'armée manipulaire censitaire

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État actuel du forum romain avec les ruines des divers temples et la Curie.
Vue d'ensemble du ‘‘Forum Romanum’‘, avec les restes du temple de Saturne (achevé en 497 av JC) au premier plan.

Ces nombreuses évolutions depuis l'armée archaïque des origines de Rome jusqu'à l'organisation manipulaire s'est faite en plusieurs étapes[c 2] :

  • au Template:VIe siècle av JC, les rois étrusques introduisent la phalange hoplitique et l'ébauche d'une conscription censitaire ;
  • aux Ve et IVe siècles av JC, le développement de la République romaine renforce l'organisation civique de l'armée et la formation définitive des classes censitaires ;
  • au IVe et débuts du IIIe siècle av JC, les guerres contre les Gaulois et les Sabelliens amènent une organisation nouvelle et durable : l'« ordre manipulaire ».

L'armée romaine mute donc vers une forme plus souple de combats, permettant de s'adapter aux adversaires et terrains, tout en gardant une force collective et des lignes de combats pour les batailles plus traditionnelles. Le succès de la légion manipulaire est dû à sa capacité d'attaquer son adversaire en se relayant par vagues successives[c 13].

Les principes censitaires dominent alors la société, la politique et l'organisation militaire de la République romaine, ainsi que les modalités de recrutement, le financement et le versement de la solde, l'attribution des commandements et même les formes de combat de l'armée romaine[c 23].

Des guerres puniques à l'époque des Gracques (IIIe — IIe siècles av JC)

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L'effort de guerre romain

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Des effectifs en hausse

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Carte de la Méditerranée. Rome en Italie, Carthage sur la côte africaine et ibérique, et les royaumes grecs en Orient.
Le monde méditerranéen en 218 av JC

Au IIIe siècle av JC, Rome doit faire un effort de guerre extraordinaire et continu durant les guerres contre Carthage, surtout pendant la deuxième guerre punique. L'organisation militaire doit alors s'adapter et innover pour que l'armée puisse intervenir en dehors de la péninsule italienne sur de longues périodes[c 24][n 6].

La longue conquête de l'Hispanie commencée en 218 av JC rend nécessaire de maintenir la première armée permanente hors de l'Italie. Entre 214 et 203 av JC, chaque année une vingtaine de légions est levée, et jusqu'à vingt-cinq durant certaines périodes critiques, même si l'effectif théorique maximum de 5000|hommes}} par légion n'est pas atteint à chaque fois. Le taux de citoyens mobilisés aurait alors atteint les 12 ou 13 % de la population citoyenne romaine totale[c 24][n 17][v 18][N 5], avec des pics à 20 %[n 18]. Entre 217 et 202 av JC, au moins 50000|citoyens}} Romains sont mobilisés chaque année, avec des pics à 75000}} ou 80000}} citoyens entre 214 et 211 av JC, sans oublier les alliés qui fournissent au moins autant d'hommes[m 14][b 5][d 1][b 6]

Carte de la Méditerranée. Rome en Italie et sur la côté ibérique. Conquête de l'intérieur de l'Hispanie, de l'Afrique, de la Narbonnaise, l'Illyrie, la Grèce et l'Asie au deuxième siècle avant Jésus-Christ.
Expansion de la République romaine au IIe siècle av JC

Après les guerres puniques, un tel effort de guerre ne sera renouvellera pas au IIe siècle av JC, mais Rome lève en moyenne 7 à 10 légions par an, deux minimum pour occuper les deux provinces hispaniques dès 197 av JC, puis dans les provinces de Macédoine conquises en 148, d'Afrique en 146, d'Asie en 133, et des armées sont envoyées dans les Gaule cisalpine et transalpine à partir de 121 av JC[c 25][d 2][b 7]

Entre 200 et 168 av JC, Rome lève en moyenne 10 légions par an, le maximum étant atteint en 190 av JC avec 13 légions, et jamais on ne passe sous la barre de 6 légions. Entre 167 et 104 av JC, la moyenne diminue avec des pics à 10 ou 12 légions pour les guerres celtibères, notamment la Guerre de Numance avec 9 légions, et un minimum dans cette période qu'on retrouve à 4 légions[n 19][d 2].

Ainsi, durant le IIe siècle av JC, c'est entre 60000}} et 140000|hommes}}, Romains et alliés, qui sont mobilisés chaque année[d 3][b 8]

Cette présence massive des citoyens dans l'armée explique pour une grande part certains aspects de la politique étrangère romaine : la guerre doit être déclarée par une loi votée par les citoyens et pendant les guerres même, ce sont les citoyens, par les élections consulaires, qui désigne ceux qui auront les responsabilités des opérations[n 20].

Une relève partielle des troupes

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Ces campagnes hors d'Italie rendent malaisées le rapatriement des légions chaque année pour des raisons logistiques, mais aussi pour garder des soldats ayant acquis une certaine expérience du terrain. Ainsi, au lieu de dissoudre les légions et d'en lever de nouvelles chaque année, on remplace les soldats blessés, malades ou morts ainsi que ceux ayant atteint leur nombre d'années maximales de campagne, les ‘‘emereti’‘, par de nouvelles recrues, les ‘‘tirones’‘[c 25][n 21].

Pendant la deuxième guerre punique, des citoyens seraient restés mobilisés consécutivement plus d'une décennie. On note notamment trois légions qui servent pendant 12 années, une pendant 10 années, et quatre sur 9 ans[b 9][n 18][v 17], pour une moyenne à sept années de mobilisation consécutive pour les citoyens[n 18][v 17]. Les légions servant en Hispanie et en Sardaigne ne peuvent pas être relevés[n 18].

Au IIe siècle av JC, les citoyens sont mobilisés consécutivement six années en moyenne, l'Hispanie posant toujours des difficultés pour la relève[n 22][v 17].

De très lourdes pertes pendant la deuxième guerre punique

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Statue d'Hannibal debout, le regard au loin, s'appuyant sur une enseigne romaine retournée, les pieds sur un aigle romain.
Hannibal comptant les anneaux des chevaliers romains tombés à Cannes, en 216 av JC Marbre, 1704.

En 225 av JC, on estime la population libre totale de l'Italie romaine à 2752000|âmes}}, pour une population citoyenne totale de 923000|hommes}}, dont 300000|mobilisables}}, aux deux tiers ‘‘iuniores’‘[n 23][b 10].

Dix ans plus tard, 108000|citoyens}} ont été mobilisés depuis le début de la guerre et au moins 50000}} romains et alliés sont morts sur les champs de bataille[n 23]. Entre 214 et 203 av JC, on dénombre près de 75000|hommes}} tués, ce qui porte le nombre total de morts durant la guerre à environ 120000}}[n 5][d 2][v 15], dont 50000|citoyens}}, soit 6 % de la population civique totale[d 2][v 15][N 6].

À la fin de la deuxième guerre punique, durant laquelle 35 % de la population mâle italienne a été mobilisée, on dénombre presque 50 % de pertes[n 5]. Notamment à la bataille de Cannes[N 7], mais aussi durant toute la guerre, ce sont les classes censitaires les plus riches, qui étaient alors les plus mobilisées, qui sont les plus touchées[n 5].

Un recours de plus en plus fréquents aux plus pauvres

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En 280 av JC, Rome doit faire appel aux citoyens les plus pauvres et même aux affranchis au début de la guerre contre Tarente[n 24][a 29]. Tite-Live[a 30][a 31] nous rapporte que des condamnés sont mobilisés en 216 av JC[n 25][v 1] et même des esclaves après la bataille de Cannes[n 4][v 1]. Cependant, ce recours à des non-citoyens dans l'armée terrestre reste tout à fait exceptionnel[n 4], même si on retrouve des affranchis en 181 et 171 av JC[v 1] selon Tite-Live[a 32][a 33], alors que le recours aux citoyens les plus pauvres devient de plus en plus fréquent[n 1].

La cinquième et dernière classe censitaire voit vraisemblablement son capital minimum requis pour le service diminué au cours du IIIe et IIe siècles av JC[n 1] Polybe[a 18] et Cicéron[a 34] parlent de 4000}} et 1500 as au lieu de 11000 as pour Tite-Live[a 1]. Il est très probable que ces chiffres marquent un abaissement progressif du cens minimum pour servir alors que Rome fait face à des difficultés croissantes de recrutement. La première réduction de 11000 à 4000 as intervient peut-être vers 214 av JC, au cœur de la deuxième guerre punique[n 1][d 1][13], dû au manque croissant de soldats assez riches à partir de la bataille de Cannes, et la seconde a sûrement lieu à l'époque des Gracques[n 1], peut-être liée à la crise agraire que les contemporains déplorent au IIe siècle av JC[v 2]

La première réduction permet sûrement l'augmentation du nombre de légions de 15 à 20 en 214 av JC avec la mobilisation des plus pauvres et même des esclaves à qui la liberté est promise[n 5][d 1][b 11].

Des réticences à la mobilisation

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L'effort de guerre continu durant le IIe siècle av JC aboutit notamment en 178, 151 et 138 av JC, à des conflits politiques très graves entre consuls et tribuns de la plèbe : les citoyens astreints au service essayent de s'y soustraire[n 19][d 4]. Les longues campagnes militaires qui durent des décennies, notamment les guerres celtibères, les risques importants et la faible rémunération rend les citoyens romains peu enclins à se porter volontaires[d 4].

En 123 av JC, la pression est telle que Caius Gracchus interdit l'enrôlement des jeunes de moins de 17 ans[n 19][d 5], loi qui sera abrogée durant la Guerre de Jugurtha[n 19].

Longue frise sculptée. Nombreux figurants, dont plusieurs soldats en armes.
L'autel de Domitius Ahenobarbus, avec la plaque connue sous le nom de la « frise du recensement », représentant une scène de sacrifice.
Marbre, œuvre romaine de la fin du IIe siècle av JC Provenance : Champ de Mars, Rome. Aujourd'hui au musée du Louvre, Paris.

Les alliés de Rome dans l'armée

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Une proportion de plus en plus importante

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Carte de l'Italie, les territoires romains sont entremêlés de territoires alliés concentrés notamment dans les montagnes.
L'Italie au IIe siècle av JC, une mosaïque de statuts :

     Territoire et colonies romaines

     Colonies latines

     Territoires alliés

W. R. Shepherd, ‘‘Historical Atlas’‘, ‘‘The Growth of Roman Power in Italy’‘, Université du Texas, Austin, 1911, p.29.

Les peuples et cités alliés, en vertu de traités signés lors de la conquête de l'Italie par Rome, ainsi que les colonies latines, doivent fournir des contingents dont le nombre est fixé par les magistrats romains chaque année[c 14][v 18]. Il semblerait que les alliés italiens de Rome soient regroupés au cours du IIIe siècle av JC en sept circonscriptions[a 35], pour faciliter le recrutement et permettre une rotation des effectifs alliés[c 26][v 19], qui doivent au total être prêt à mobiliser chaque année 192|contingents}}, soit 80000|hommes}}[v 14]. Ces troupes alliées, qui forment l'aile de l'armée sur le champ de bataille, sont commandées par des officiers de la même origine que les soldats[c 27][v 14].

Exceptionnellement, dans des cas critiques, tous les contingents mobilisables alliés peuvent être appelés, comme en 225 av JC, pour faire face à la menace gauloise[c 26][v 20]. Cette même année, la population libre alliée est estimée à 1800000|âmes}}, soit le double de la population citoyenne romaine[n 5][b 10]. Environ 10 % de la population mâle italienne sera mobilisée chaque année[n 19].

Les ‘‘iuniores’‘ italiens en 225 av JC[b 10]
Contingent Infanterie Cavalerie Total
Citoyens romains 213000}} 18000}} 231000}}
Colons latins 80000}} 5000}} 85000}}
Étrusques 50000}} 4000}} 54000}}
Centre-Italiques[N 8] 40000}} 4000}} 44000}}
Samnites 70000}} 7000}} 77000}}
Campaniens[N 9] 37000}} 5000}} 42000}}
Apuliens 50000}} 6000}} 56000}}
Grecs 30000}} 4000}} 34000}}
Lucaniens et Bruttiens 45000}} 3000}} 48000}}
‘‘'Total’‘' ‘‘'615000’‘' ‘‘'56000’‘' ‘‘'671000’‘'

Pendant la deuxième guerre punique, on estime de 50 à 60 % la proportion de troupes alliées dans une armée romaine[c 28][n 26][v 18], ce qui correspond à la description de l'armée consulaire du IIIe siècle av JC de Polybe[a 16], et cette proportion aurait atteint les deux tiers au cours du IIe siècle av JC[c 27][v 21] selon Velleius Paterculus[a 36].

Les effectifs de la cavalerie, qui commence à jouer un rôle non négligeable sur les champs de bataille, deviennent essentiellement alliés, au fur et à mesure du IIe siècle av JC, tandis que les chevaliers romains servent dorénavant presque uniquement d'officiers dans l'armée[c 27].

Dessin moderne d'un frondeur en couleur. Il porte une fronde et un sac rempli de projectiles.
Dessin d'un frondeur des Baléares, une des unités des ‘‘auxilia externa’‘ de l'armée.

En dehors des alliés italiens, Rome recrute d'autres troupes auxiliaires, qualifiés d’‘'auxilia externa’‘ pour les différencier des italiens. Cela permet à Rome d'affirmer sa domination sur des peuples vaincus, d'augmenter ses réserves de troupes tout en diminuant le temps de service des citoyens romains, mais aussi de recruter des unités spécialistes d'un type de combat[c 27][N 10].

Cependant, contrairement aux états contemporains, notamment les cités grecques ou l'armée d'Hannibal, l'armée romaine ne comporte pas d'unités mercenaires[n 26], même si Tite-Live rapporte quelques exceptions, la première en 213 av JC avec des soldats mercenaires celtibères[a 37], et dans d'autres occasions, notamment dans les guerres en Orient avec des contingents locaux[v 22], mais la distinction est difficile avec les ‘‘auxilia externa’‘[14].

De nouvelles colonies qui imposent la suprématie en Italie

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Après la deuxième guerre punique, de nombreuses colonies sont fondées dans les trente premières années du IIe siècle av JC, en majorité latines, et d'autres reçoivent de nouveaux contingents comme celle de Cosa[d 6]. Plus de 50000|familles}} sont installés sur les terres confisquées aux anciens alliés d'Hannibal, en tant que colons ou alliés[d 7][b 12].


Ces colonies, romaines ou latines, renforcent la domination romaine dans toute l’Italie, de la plaine du Pô à la Grande-Grèce[d 7].

Une inégalité croissante entre alliés et citoyens romains

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Les soldats alliés paient un plus lourd tribut lors des campagnes militaires que les citoyens romains[c 27][d 8][b 13][v 23] :

  • des pertes plus importantes sur le champ de bataille, étant plus exposés ;
  • une rotation plus rapide et un service plus long ;
  • un paiement de l'impôt suite à la suspension du ‘‘tributum’‘ citoyen ;
  • des parts du butin de guerre réduites voir nulles ;
  • la solde et les fournitures militaires sont à la charge de leurs cités, bien moins pourvues que Rome.

Ces inégalités, qui vont croissantes au cours du IIe siècle av JC, et qui sont liées au statut de citoyen romain, vont être une des causes de la guerre sociale de 90 av JC[c 27][v 24]

La prorogation du commandement

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Les campagnes militaires, durant la deuxième guerre punique, puis au IIe siècle av JC, se prolongent souvent sur plus d'une année, dépassant la durée d'une magistrature. Ainsi, plutôt que de remplacer le consul ou le préteur menant les armées chaque année, ses pouvoirs peuvent être prolongés[c 29]. Cette prorogation des pouvoirs d'un magistrat durant la deuxième guerre punique est votée soit par les comices centuriates, soit par le Sénat, puis seul par celui-ci au IIe siècle av JC[c 30]

La magistrature en elle-même n'est pas prolongée au-delà d'une année, mais les pouvoirs qui y sont associés le sont, notamment l’‘'imperium militiae’‘, et ce uniquement à l'extérieur du ‘‘pomœrium’‘. Ainsi apparaissent des proconsuls, qui sont des consuls, voire des préteurs, sortant de charge dont les pouvoirs ont été prorogés. Exceptionnellement un sénateur n'ayant été ni l'un, ni l'autre, tel Scipion en 211 av JC[N 11] peut être nommé proconsul[c 31].

Le promagistrat est investi de l’‘'imperium’‘ consulaire, lui permettant de déléguer des pouvoirs à des subordonnés, tels les questeurs, et surtout les légats, des officiers sénatoriaux qui peuvent prendre le commandement d'une ou plusieurs légions. Ces légats sont nommés par le Sénat, permettant ainsi à l'assemblée d'avoir un contrôle sur le magistrat commandant, le Sénat gardant toutes ses prérogatives sur les campagnes militaires[c 31].

Le développement de la logistique

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Les camps romains

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La date d'apparition des premiers camps romains est incertaine. Tite-Live[a 38] et Frontin[a 39] suggèrent que les Romains conçoivent le plan du camp en observant les retranchements des soldats épirotes de [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus Template:Ier]], alors que Plutarque[a 40] déclare, au contraire, que le roi d'Épire est impressionné par le camp romain d'Héraclée[c 32], et attribue quant à lui la construction des premiers camps à Camille au IVe siècle av JC[a 7]

Il est cependant plus vraisemblable que les camps romains soient une transposition militaire de la fondation des villes[c 32]. L'armée s'y abrite et y vit durant toute la durée d'une campagne militaire[c 33], et Pierre Cosme souligne que le camp a une double fonction : « défensive et psychologique[c 34] ». Les camps romains permettent en effet de se protéger durant une campagne mais aussi d'impressionner son ennemi[c 34].

La solde et le butin

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Le montant quotidien de la solde est inférieur à celui d'un salaire d'un travailleur manuel à Rome[c 35][n 27]. Cependant, la solde ne peut être assimilée à un salaire car l'armée romaine repose sur des bases censitaires : les soldats servent à leurs propres frais, la solde n'étant qu'une indemnité de subsistance dans des campagnes de plus en plus longues[c 35][n 28].

Le butin laissé par une armée en déroute revient aux légionnaires romains, tandis que les biens et les personnes des peuples vaincus, qui représentent la grande majorité des profits d'une guerre, reviennent au Sénat et au peuple romain[c 36][n 29]. En 187 av JC, les profits de la guerre en Asie permettent de rembourser une partie de ‘‘tributum’‘, et celui de Paul-Émile sur Persée de Macédoine, suffit à une suspension pure et simple du ‘‘tributum’‘ des citoyens, alors que les soldats eux-mêmes n'ont obtenu que peu de butins sur ces campagnes[c 37][n 30].

Deux faces d'une même pièce : d'un côté, Janus aux deux visages, de l'autre une proue de galère.
As grave : Janus aux deux visages / Proue de galère (env. 240/225 av JC).

Les officiers et les soldats reçoivent parfois des parts non négligeables, notamment en 194 av JC, après la deuxième guerre macédonienne lorsque, selon Tite-Live[a 41], Quinctius Flamininus distribue 750 as aux cavaliers, 500 as aux centurions et 250 as à chaque soldat[d 9]. Après la guerre séleucide, les soldats reçoivent aussi une distribution[d 9], mais non après la victoire de Paul-Émile[c 37], où les volontaires avaient pourtant afflué en vue du butin potentiel toujours selon Tite-Live[a 41].

Les tribuns du trésor, du fait de campagnes longues hors de l'Italie, ne peuvent plus directement verser la solde aux armées[c 32]. Ce sont les gouverneurs de province ou les questeurs de l'armée, et non les généraux, qui en reçoivent le pouvoir. Le versement s'effectue vraisemblablement une seule fois par an, après avoir déduit le coût des vivres fournis et des armes de rechange. Les fonds sont soient envoyés de Rome vers les armées en campagne, soient directement prélevés des fonds des provinces où les armées sont positionnées[c 38].

Les fournitures militaires

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Les longues campagnes militaires, sans retour à Rome chaque année, amènent à l'institution de la solde mais aussi aux fournitures militaires par l'État, des vivres et des vêtements et armes de rechange, avec déduction sur la solde, gérées par les questeurs via une intendance militaire de plus en plus développée[c 39][n 11].

Concernant les vivres, seules des rations de blé sont distribuées au soldat, provenant du fruit des dîmes en nature de Sicile et de Sardaigne, mais aussi des régions céréalières que les armées conquièrent, telles l'Hispanie ou l'Afrique. Parmi les bagages qui suivent l'armée, des troupeaux fournissent de la viande, les soldats peuvent aussi se fournir sur le pays de fruits et légumes[c 40].

Sculpture des deux frères. Le regard sévère, les deux ont une main sur un parchemin, et l'un a une main posée sur l'épaule de son frère qui maintient sa toge.
’‘Les Gracques’‘, sculpture d'Eugène Guillaume (Template:XIXe siècle).

Concernant les armes, l'État ne remplace que celles usagées ou perdues au combat, les recrues devant acquérir l'équipement demandé par les tribuns militaires avant une campagne à leurs frais. Cela a pour effet que l'armement des légionnaires est longtemps relativement hétérogène[c 40]. Il est possible qu'à partir des Gracques, l'État fournisse des armes aux soldats les plus pauvres, qui devaient alors les restituer en fin de campagne[c 41], ou peut-être même que tout l’équipement du soldat est dorénavant à la charge du Trésor[d 10].

Concernant les vêtements, l'uniforme règlementaire, ceux-ci semblent par contre fournis par l'État très tôt, bien que cela puisse dater que de 123 av JC, si l'on en croit Plutarque[a 42], et d'une loi de Caius Gracchus[c 42][n 31].

Les publicains semblent avoir joué un rôle important dans l'acheminement des fournitures militaires aux armées[c 41]. Les guerres outre-mer imposent une mobilisation financière très importantes et ce sont des organisations de compagnies puissantes de riches citoyens, les publicains, qui prennent en charge les besoins nouvellement créés par la fourniture des armes et l'équipement des légions sur le terrain, devenant des instruments très efficaces dans l'exploitation des provinces[d 11][15][b 14]

Dessin d'une quinquérème avec un pont basculant munie sur la proue, le corvus (mot latin).
Une quinquérème munie d'un ‘‘corvus’‘ (système d'abordage), navire romain de la première guerre punique.

La naissance de la marine romaine

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Les premiers navires romains dateraient de 311 av JC, pour combattre les pirates, quand une vingtaine de bateaux est construit[c 43]. À la fin du IVe et au début du IIIe siècle, Rome fait appel à des cités qui doivent lui fournir une flotte en cas de guerre, comme Caeré[h 19], Naples[h 15] puis Tarente[h 16].

La première véritable flotte romaine est édifiée lors de la première guerre punique, pour faire face à la flotte carthaginoise pour le contrôle de la Sicile. Selon Polybe[a 43], les Romains copient alors un navire carthaginois échoué pour construire leur flotte. Les Carthaginois ayant une aisance maritime bien supérieure, les Romains munissent leurs navires d'un ‘‘corvus’‘ permettant l'abordage et de transformer le combat maritime en combat terrestre[c 43][m 15]. La flotte romaine serait passée d'une centaine de navires au début à deux cents à la fin de la première guerre punique[c 44] avec un pic à 330 navires[m 16], assurant la mainmise maritime à Rome après plusieurs batailles, mais la flotte n'est plus entretenue une fois le conflit terminé[c 44]. Par ailleurs, Rome continue d'utiliser les flottes alliées, notamment celle de Naples[h 20].

Maquette détaillée d'une trirème, avec rames et voiles de sortie.
Maquette de trirème romaine.

Lors de la deuxième guerre punique, une nouvelle flotte est constituée, de près de trois cents navires[c 44][m 17][16], et permet à Rome de dominer les mers sans partage, malgré les nombreuses défaites terrestres[m 18], et cette flotte est une nouvelle fois désengagée une fois le conflit terminé[c 44].

Plutôt que d'entretenir une flotte permanente, Rome la reconstitue à chaque guerre, fait appel à ses alliés ou impose aux vaincus des clauses très restrictives en nombre de navires[N 12]. Cela aura pour conséquence de favoriser l'expansion de la piraterie en Méditerranée[c 44].

Les marins, en dehors des légionnaires embarqués pour l'abordage, sont recrutés parmi les cités alliées et les affranchis, voire parmi les esclaves dans des situations critiques, notamment en 214 av JC[c 43][n 10][m 5].

Le commandement de la flotte revient au commandant de la campagne militaire à laquelle la flotte est associée, et non à un général ou magistrat spécial. Le commandement des navires, comme pour une légion, peut être délégué à un légat[c 43].

La création de la cohorte et mutation de l'armée censitaire

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Des légionnaires formant une tortue dans un champ sur fond de paysage vallonné.
Formation en tortue, utilisée pendant la guerre contre Persée, selon Polybe[a 44].

Lors des campagnes en Hispanie (181 à 133 av JC), une nouvelle unité est créée : la cohorte, composée d'un manipule de chaque ligne, soient 10 cohortes par légion. Cette subdivision plus importante et autonome que le manipule permet une plus grande souplesse tout en gardant la spécialisation des trois lignes[c 44][v 25].

L'effort de guerre plus important dû à la deuxième guerre punique puis aux nombreuses campagnes militaires en Méditerranée occidentale, campagnes toujours plus longues et éloignées de Rome, mènent à des armées plus permanentes sur plusieurs années et poussent l'armée censitaire à se transformer, surtout d'un point de vue logistique[c 45].

L'intendance et l'administration militaire se développent fortement et jouent un rôle majeur et déterminant dans la vie du légionnaire et de l'armée romaine[c 45]. Il y a aussi un appel de plus en plus forts aux troupes alliées, qui représentent plus de la moitié de l'armée[c 28][n 5] et aux soldats les plus pauvres tout au long du IIe siècle av JC[n 24].

Rome est désormais hors de danger, les guerres se déroulent toutes loin de l'Italie, et les défaites sont nombreuses avant les victoires finales dans des guerres longues et incertaines. Cela entraîne des réticences lors de la mobilisation d'une part des citoyens, qui renâclent à combattre des années durant loin de leurs terres et cités[n 32][d 4], tandis que l'armée commence à se professionnaliser avec des temps de service plus continu. Cependant, l'armée reste encore civique, les règles et le cadre militaires ne changent pas, malgré l'apparition de soldats de métier[n 32].

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  2. ^ Edward Togo Salmon, ‘‘Samnium and the Samnites’‘, Cambridge, 1967, pp.101-112.
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